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Les bas niveaux de rendement du blé observés en 2016 seront-ils plus fréquents dans les années à venir ?

La France est actuellement au 5ème rang mondial pour la production de blé, principalement grâce à un rendement moyen de 74 q/ha quand les autres pays producteurs sont plutôt autour de 25 à 50 q/ha.

BEN-ARI T. et al viennent de publier un article dans la revue Nature Communications (référence 2018 / 9 : 1627) sur les facteurs explicatifs des très faibles rendements de blé observés en 2016 en France et sur leur possible occurence pour les années à venir dans un contexte de changement climatique. La France est actuellement au 5ème rang mondial pour la production de blé, principalement grâce à un rendement moyen de 74 q/ha quand les autres pays producteurs sont plutôt autour de 25 à 50 q/ha. En 2016, les rendements ont connu une chute de 27,7%. Au travers de cette étude, les chercheurs ont, d’une part, identifié les facteurs climatiques expliquant cette perte historique de rendement et d’autre part, ont cherché à évaluer si ces conditions allaient devenir plus fréquentes dans un futur proche. La campagne 2015-2016 s’est caractérisée par des températures exceptionnellement élevées en novembre et décembre, impliquant un nombre de jours de vernalisation particulièrement réduit. Les températures ont également été élevées en janvier et février. En parallèle, l’hiver et surtout le printemps ont été particulièrement pluvieux et ce jusqu’en juillet. Enfin, le printemps s’est caractérisé par un très faible rayonnement solaire. Les analyses statistiques ont montré une corrélation entre le nombre de jours entre 0 et 10°C en décembre et le niveau de précipitations au printemps et suggèrent que la force de la relation entre des précipitations élevés du printemps et la probabilité de perte de rendement augmente avec les températures élevées l’automne précédent. Dit autrement, l’effet de précipitations excessives au printemps sur le rendement est amplifié si elles suivent un automne chaud.

Une fois ces facteurs déterminants identifiés, ils ont travaillé à partir du scénario RCP2.6 (augmentation de la température de 2°C, objectif visé par les accords de Paris) pour estimer si la situation de 2016 sera amenée à se répéter dans les années à venir. Ainsi, le nombre de jours entre 0 et 10°C en décembre devrait diminuer pour atteindre une moyenne de 5 jours (-22% soit un mois « chaud ») et les températures de juin augmenter de 1,5°C. Dans ce scénario, il n’est pas prévu de changement pour les précipitations. Les conditions climatiques favorables à des pertes importantes de rendement sont donc amenées à être plus fréquentes. En se positionnant dans le scénario RCP8.5 (scénario pessimiste), le faible nombre de jours de vernalisation observée en décembre 2015 deviendrait la norme et les températures de juin 2016 seraient considérées comme des températures extrêment froides pour un mois de juin. Dans ce contexte là, les années comme 2016 seraient très fréquentes d’autant plus qu’un des facteurs déterminants serait considéré comme la norme. A noter que ces résultats sont obtenus sans adaptation des pratiques des agriculteurs ni évolution des variétés de blé disponibles.

Pour en savoir plus : https://www.nature.com/